Entre marais et fleuve, Gruaud Larose

Second Grand Cru Classé depuis 1855, ce Château a un terroir de plus d’un million d’années composé de graves dites rouges, de lydiennes noires ou rouges marbrées de vert, mais aussi de quartz blonds et roses, de quartz agatoïdes veinés ainsi que de silex noirs et blancs. Sur ces terres multicolores se dresse le Château Gruaud Larose aux portes de Saint Julien dans le Médoc. 

80 hectares de vignes d’un seul tenant enlacent ce Cru à l’histoire et à la terre fécondes. Le Médoc est considéré comme le berceau des Grands Crus Classés de Bordeaux (la proportion de Crus y est importante): le Château Gruaud Larose fait partie de cette famille de vins intemporels et inégalables. 

« Le vin des Rois, le roi des vins » L’Abbé Gruaud

Gruaud Larose avant travaux

Vers 1660, le Médoc connaît le succès sous l’impulsion des Pontiac de Haut Brion : les propriétaires terriens cherchent des parcelles pour planter de la vigne, pratiquement inexistante dans la région Nord Bordeaux… Parmi eux, l’Abbé Gruaud qui acquiert 70 hectares à Saint Julien. Le Chevalier de Larose succède à son oncle l’Abbé à la tête du domaine. Sa politique de rigueur permet au Château de garder une stabilité de grande qualité et grâce à cela en 1855, Château Gruaud Larose devient un Second Grand Cru Classé de Saint Julien. Le Chevalier ne connaîtra jamais cette époque puisqu’il décède en 1795. Durant une courte période, jusqu’en 1812, le Château ballote pour des questions d’héritage. Sarget, Balguerie et Cie rachète alors le domaine et vu la mauvaise entente des associés, la propriété est coupée en deux : le Château Gruaud Larose Sarget et le Château Gruaud Larose Faure. 

Désiré Cordier rentre alors en piste : propriétaire d’une partie en 1917, il rachète la seconde partie en 1935 et œuvre pour la réunification des deux domaines en un seul. A sa mort, son fils Jean reprend les rênes d’un empire viticole. Désiré Cordier possède plusieurs grandes propriétés et surtout une maison de négoce : la Maison Cordier, dans laquelle j’ai d’ailleurs travaillé à plusieurs reprises mais après sa fusion avec Mestrezat, un autre négociant : Cordier Mestrezat Grands Crus. C’est aussi sous l’impulsion de la Maison Cordier qu’en 1940, l’équipe de la vigne va planter majoritairement du Cabernet Sauvignon et réduire par conséquent les proportions de Malbec, Cabernet Franc et Petit Verdot. En 1983, la Maison Cordier cède le Château Gruaud Larose réunifié au groupe Suez qui le revendra dix ans plus tard à Alcatel Alsthom. Cette dernière entreprise fera des travaux titanesques comme la refonte intégrale des chais souterrains. En 1997, la société Bernard Taillan avec à sa tête Jacques Merlaut, détenteur d’autres vignobles comme Chasse-Spleen ou d’un gros négociant comme Ginestet, prend en main le Château Gruaud Larose. 

Aujourd’hui la propriété compte 132 hectares dont 82 de vignes avec un encépagement de 57% de Cabernet Sauvignon, 30% de Merlot, 7% de Cabernet Franc, 4% de Petit Verdot et 2% de Malbec. 

Dégustation de Gruaud Larose

– Sarget de Gruaud Larose, 2nd vin du Château Gruaud Larose, Saint Julien, 2001.

D’un joli rouge cerise un peu marron même, la robe est limpide, profonde et brillante. Le premier nez toasté est sympathique sur la mûre, le coing et les fleurs. Le second nez est délicat sur les fruits confiturés. Le coing se mêle aux saveurs de rose. La bouche est soyeuse et fraîche. Le cassis, la mûre, le bois exotique se mélangent parfaitement avec les épices comme la vanille. Enfin, la finale est jolie sur la mûre, l’aubépine et un boisé léger. Dommage qu’il y ait un peu trop d’acidité à la fin. 

Compter 27 euros la bouteille en propriété

– Château Gruaud Larose, 2nd Grand Cru Classé depuis 1855, Saint Julien, 2007 (71% de Cabernet Sauvignon, 21% de Merlot, 6% Petit Verdot, 2% de Cabernet Franc). 

La robe est d’un rubis brillant et profondément sombre. L’intensité est moyenne… Mais tellement rouge ! Le premier nez est sur la framboise confiturée, le cacao, la fraise fraîche et un peu de cuir. Torréfié, le second nez confirme la tendance : frais et croquant avec des notes de cerise, de framboise et de charbon. La bouche est également sur la fraîcheur et est très fruitée : magnifique mélange de framboise, cassis, mûre, tabac blond et café. La finale est très belle sur les fruits croquants, la longueur est moyenne avec une toute fin sucrée sur la vanille. Gourmand !

Compter 63 euros la bouteille en propriété

Cuvier gruaud larose

– Château Gruaud Larose, 2nd Grand Cru Classé depuis 1855, Saint Julien, 2005.

Grande année, ce 2005 présente un joli rubis bien rouge. Le premier nez est très fruité et très droit avec des notes de fraises et de framboises le tout saupoudré de cacao. Discret et surtout fin, c’est une belle première rencontre. Le second nez est plus puissant avec du fumé et du boisé. J’ai l’impression aussi d’avoir le nez dans un pot de confiture de framboise avec morceaux ! Un peu de tabac blond et de cacao complètent le tableau. La bouche est très ample et bien équilibrée. Ronde mais pas veloutée, les fruits rouges se marient aux fruits noirs. Puissant et poivré, le cacao apporte un peu d’amertume. La finale enfin est longue sur le fruit et le toast. Très beau millésime, très beau vin. Parfait. 

Compter 110,50 euros la bouteille en propriété

– Château Gruaud Larose, 2nd Grand Cru Classé depuis 1855, Saint Julien, 1975. 

Grand moment et belle surprise lorsque l’on a sorti cette bouteille qui n’était pas prévue au programme de la dégustation… Ouvert quelques jours auparavant, l’air n’aura pas été un compagnon de fortune à ce magnifique vin… La robe est grenat avec une auréole orangée. Le premier nez est sur la truffe et les vieilles fleurs. Je perçois aussi de la prune à l’eau de vie et des notes de sauce soja, un peu fermenté donc ! Ce premier nez ressemble également aux très vieux Sauternes qui se rapprochent des Cognac. Le second nez est frais, sans défaut et est plus sur les fruits confits, la truffe du Périgord et la boîte à cigares. La bouche, malheureusement, est morte ! Métallique, très acide, asséchante, la dégustation n’est pas une partie de plaisir ! Par contre, la finale est fruitée sur le pruneau et relativement longue. Trop d’air a tué la bouche de ce vin ! Il devait sûrement être exceptionnel… La dégustation de ce millésime reste tout de même pleine d’émotion. 

Compter 561 euros la bouteille en propriété

Château Gruaud Larose

33250 Saint Julien Beychevelle

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