« Et une bouteille de rhum ! »

« Vous, Français, vous vous battez pour l’argent. Tandis que nous, Anglais, nous nous battons pour l’honneur ! » s’exclama un Capitaine d’un bâtiment de la Royal Navy.

Le corsaire français Surcouf répondit : « Chacun se bat pour ce qui lui manque ! »

Dès le XVème siècle, les Antilles ont été le cœur d’affrontements entre puissances coloniales telles que la France, l’Espagne, la Hollande et l’Angleterre. Le sucre était une denrée rare et dans les Antilles françaises et anglaises la production de canne à sucre battait son plein. Un sous-produit de cette agriculture est le rhum : on distillait la mélasse et on obtenait un alcool brut que l’on distribuait aux esclaves afin qu’ils supportent leurs terribles conditions de travail. Cette boisson était aussi destinée aux marins : il faut dire qu’ils avaient la vie dure (pas la même que les esclaves bien évidemment) mais ils étaient soumis à une discipline de fer, des rationnements de nourriture, des travaux physiques intenses et des sanctions brutales. Le rhum était la seule douceur à bord.

Au XVIIème siècle, un grand nombre de marins se tournèrent vers la piraterie à cause de la dureté de ce métier : le capitaine était souvent élu démocratiquement (car il était un chef de file, un bon combattant), les butins étaient partagés équitablement et bien sûr, le rhum coulait à flot ! 

Toujours au XVIIème siècle, une tradition a vu le jour dans la Royal Navy : le « Tot ». Il s’agissait d’une pinte de rhum que les marins recevaient tous les jours. Le Purser, le commissaire de bord, était en charge de cette besogne. Le Purser, qu’on appelle aussi Pusser en slang, l’argot britannique, gérait l’administratif et les comptes, veillait au bien être des « passagers » et dirigeait en général les équipes des cuisines. Il devait donc vérifier avec précision que la bonne quantité était versée quotidiennement et que personne n’était lésé… 

Cela a donné naissance à un rhum particulier : le Pusser’s rum. 

Il faut savoir qu’à cette époque le rhum n’avait pas vraiment le goût ou la texture actuels. C’était un alcool très fort (50% d’alcool), sombre, voire noir et visqueux, un mélange de plusieurs rhums de Demerara (Guyana), de la Jamaïque, la Barbade, de Trinidad… Et l’avantage c’est qu’il ne tournait pas au soleil des Caraïbes ! 

L’Amiral Edward Vernon commença à distribuer le rhum coupé avec de l’eau car il s’inquiétait de la santé de ses marins. Pour les plus travailleurs, il accordait même une ration de citron et de sucre supplémentaire… C’est ainsi qu’est né le fameux « Old Grog » qui donnera plus tard « grog » : cela provient du surnom que les marins donnaient à l’Amiral qui avait pour habitude de porter une pèlerine de grogram (gros grain) par mauvais temps… Le grog se servait froid et était donc un mélange de Pusser’s rum, de sucre, de jus de citron et d’eau…

La tradition du Tot, ration de rhum quotidienne dans la Navy , a pris fin le 31 Juillet 1970 : cette journée noire a été baptisée le « Black Tot Day ». 

Le Conseil de l’Amirauté de la Royal Navy a vendu en exclusivité les droits et la recette du « Navy Rum  produit par les forces navales de Sa Majesté elle-même à Charles S. Tobias basé dans les îles Vierges britanniques :  il est désormais connu sous le nom de Pusser’s. 

Il existe aussi d’autres marques qui font des Navy Rhum comme Lamb’s ou Jefferson’s. 

Ainsi avec Pusser’s rhum, vous pourrez retrouver un rhum puissant issu d’un assemblage de 5 rhums des Antilles, vieilli 15 ans, légèrement moins charpenté (42%) mais tout aussi délicieux. Si le cœur (et les papilles) vous en dit, vous pouvez tester deux autres Pusser’s rhum à 54,5% et 75% ! Une partie de l’argent gagné grâce à la vente du Pusser’s rhum est reversée à une association philanthropique de la Navy via le « Tot fund ». 

Le « Navy rhum », le « Pusser’s rum»… Il existe bien des surnoms… Mais l’un des plus célèbres est sans conteste le « Nelson’s blood » (le sang de Nelson). En effet, à la mort de l’Amiral Nelson, lors de la célèbre bataille de Trafalgar, son corps fut placé dans une barrique de rhum afin de pouvoir le ramener en Grande Bretagne. La légende raconte que lorsque le navire accosta, on ouvrit la barrique et il y avait bien son corps mais plus de rhum ! Les marins avaient percé un petit trou et avaient siphonné le rhum durant la traversée ! D’où une autre fameuse expression anglaise : « Tapping the Admiral », qui signifie boire cul sec… 

Cheers ! 

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