Saké et design

Depuis toujours l’esthétique, l’identité visuelle, d’un produit fait chavirer le coeur d’un consommateur et le pousse à acheter ce dit produit. En fonction des couleurs, des formes, de l’intensité, de la taille, du design, du packaging, l’acte d’achat peut être enclenché plus facilement : c’est le « vendeur silencieux » !

Un grand nombre de producteurs l’ont compris et notamment dans le monde des vins et des spiritueux. Il suffit de penser à un consommateur lambda qui se rend dans un rayon vins d’un supermarché quelconque… Il y a tellement d’options : comment choisir ? « Tiens cette bouteille est fort jolie, allez je l’achète même si je ne connais pas le producteur, la région, le cépage, la méthode de production… Qu’importe, cela fera bien sur la table pendant le repas ! ». 7 fois sur 10, un consommateur se décide dans le rayon face aux produits et cette prise de décision dure en moyenne 30 secondes sans compter que quand on fait nos courses, c’est 250 références de produits que l’on perçoit par minute !! Il faut donc être efficace pour se différencier, pour se démarquer et pour se faire remarquer !

C’est ainsi que l’on voit se développer des packagings colorés et souvent genrés : rose pour les filles, bleu pour les garçons (no comment…). On peut admirer des étiquettes flamboyantes avec des textures, des dorures. Mais on voit aussi des packagings exceptionnels notamment dans les spiritueux avec des flacons qui sont tels des parfums. Le fameux Louis XIII de Rémy Martin est une oeuvre d’art et les initiés qui peuvent se l’offrir gardent précieusement, en général, la bouteille vide. Il faut dire que le contenant coûte presque aussi cher que le contenu !

Remy Martin – Louis XIII

Dans le saké japonais, c’est pareil et on ne peut pas dire que les bouteilles soient banales… Elles ne sont pas toujours faciles à comprendre (même pour les Japonais) avec des idéogrammes très stylisés parfois… Il n’empêche que les étiquettes sont magnifiques avec une très grande attention aux détails sans oublier que les bouteilles elles-même peuvent aussi être très design. Dans cet article, j’avais envie de parler de design plus modernes : les étiquettes traditionnelles feront l’objet d’un prochain article et même d’un prochain podcast KOME.

Vous saviez n’est-ce pas que j’avais lancé un podcast qui s’appelle KOME ? Vous pouvez le retrouver sur toutes les bonnes plateformes comme Ausha, Apple Podcast ou encore Spotify et sur la radio Paul Bert où le podcast est une émission ! Il y a un épisode par mois autour du 15… Abonnez-vous au premier podcast français autour du saké, des alcools japonais et de la culture culinaire nippone.

Voici donc quelques bouteilles qui m’ont marqué !

La première est Zaku Impression de la Maison Shimizu Seizaburo qui se situe à Mie au Japon. La gamme présente des sakés en édition limitée. Sans étiquette, les flacons sont gravés selon une méthode classée comme bien immatériel depuis 1952 : la méthode ise-katagami. Cette méthode incroyable consiste à prendre des papiers de riz « washi » et à les tremper dans un jus de kaki fermenté que l’on appelle kakishibu. Cela donne une couleur brune aux feuilles et ensuite ces dernières qui sont plus solides, sont découpées, finement, telles de la dentelle. Les motifs réalisés seront utilisés comme pochoir pour faire des kimonos. J’ai été subjuguée par la beauté de cette bouteille et je me régale d’en avoir une à la maison pour regarder tous les petits détails ! C’est de cette bouteille dont je parle spécifiquement dans ma chronique France Bleu Gironde : vous avez le lien en bas d’article pour me réécouter ou vous pouvez checker mon instagram (@chloeandwines) pour voir le reels.

Ensuite, il y a Koi de la Maison Imayo Tsukasa avec son design de carpe Koi. Aya Kodama, graphiste et designer, a été en charge de créer cette bouteille et surtout de l’adapter à son emballage pour un effet Waouh du tonnerre ! C’est en fait un petit pied de nez à une méthode pratiquée pendant la Seconde Guerre Mondiale (et même après) : ‘kingyo-shu », le saké du poisson rouge. A cause des rationnements, il était de coutume de rajouter de l’eau (ou de l’alcool) dans le saké. Le saké était alors tellement dilué que l’on considérait qu’un poisson rouge aurait pu survivre sans problème dans la boisson… La Maison Imago Tsukasa n’a jamais utilisé cette pratique. La bouteille a été primée à plusieurs reprises lors de concours de design.

Puis, il y a la bouteille Mt Fuji Hiryujoun. Le design met en avant le célèbre volcan japonais et les fameuses feuilles d’or donnent un aspect boule à neige à cette bouteille incroyable. Lors de l’achat, vous pouvez faire graver le flacon et il y a un coffret avec des LEDs sur lequel vous pouvez placer la bouteille afin de profiter un maximum de l’expérience en couleurs au fil des saisons (les couleurs rappellent le printemps, l’été, l’hiver et l’automne). C’est un peu avoir l’occasion de visualiser chez vous les 36 vues du Mont Fuji d’Hokusai ! La bouteille est fournie dans un coffret en bois sur lequel le célèbre calligraphe Takeda Soun a désigné le nom en idéogramme. Le coffret est mis dans un furoshiki (un tissu) pour finaliser l’expérience et pour accentuer le fait que c’est un cadeau unique que l’on (se) fait.

N’oublions pas, Saké Nouveau : « The Dawn in Shisui », qui est réalisé par la Maison Iinuma Honke à Chiba. C’est ici un projet conceptuel qui reprend l’idée de la première extraction, la première presse « hatsu shibori » qui a lieu en novembre. C’est donc l’idée de profiter de ce saké nouveau, du premier né qui prend vie à minuit et qui est mis en bouteille directement en suivant. C’est la raison pour laquelle ce Saké Nouveau (inspiration du Beaujolais Nouveau) se nomme l’Aube à Shisui. J’aime cette transparence et la simplicité sans étiquette de cette bouteille.

Dans un style différent mais super sympa, j’ai découvert les sakés atypiques de la Maison Hakutsuru. Cette kura est très connue mais je n’avais jamais vu leur gamme Bekkaku avec 3 sakés pour voir le monde du nihonshu de façon différente. L’étiquette de devant est percée et on peut voir un dessin, un paysage par cette fenêtre qui est en fait dans le fond de la bouteille. Ces sakés ont été créés pour la jeune génération et représentent des moments de dégustation : lors d’un après midi ensoleillé, vous êtes à l’ombre d’un arbre et vous profitez du saké Komorebi no Mushimegane ; au bord de la mer sous un soleil de plomb, vous profitez de cette journée pour créer des souvenirs avec Hidamari no Snorkel ; le ciel est violet comme des grappes de raisins et on lève son verre à la première étoile que l’on aperçoit vaguement avec Tasogare no Telescope ! C’est encore la graphiste Aya Kodama qui est derrière ces belles bouteilles avec l’illustratrice Miku Sasaki. Les 3 bouteilles ont remporté le 2021 Good Design Award.

Enfin, voici une autre bouteille que j’aime par sa simplicité : Sa Sa Sunday de la Maison Sasawai Shuzo. Il y a des petits jeux de mots entre SAN (acide), SUN (soleil) et SUNDAY (dimanche) : c’est donc un saké acidulé et frais pour un dimanche ensoleillé. Il est réalisé avec le célèbre riz Kamenoo et le design est fait pour les jeunes consommateurs. C’est Yuri Ueno qui a conçu le design et elle est une (très) jeune femme dans la vingtaine. C’est simple et efficace avec ces petites vaguelettes dorées…

Il y a d’autres packagings que j’adore… Il y a tellement de créativité dans le monde du nihonshu ! Alors je vous propose quelques échantillons en ce mois de mai 2024 mais je pense qu’il faudrait faire un article chaque mois car il y a sans cesse de nouveaux produits ultra cool !

#Emission France Bleu Gironde du 14 mai 2024 avec Marie-Corine Cailleteau : cliquez sur le lien pour écouter le replay plus facilement et rendez-vous sur mon instagram @chloeandwines pour voir en Reels mon passage à la radio !

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