Sakés et Nadagogo

Au Japon, les Indications Géographiques pour les produits se multiplient. C’est une organisation des territoires qui permet de mettre en avant des vins, des sakés, des umeshus (et autres produits solides alimentaires) dans le but de protéger les savoir-faire tout en sécurisant les consommateurs.

Si en France, le système des AOC fait débat, au Japon c’est un modèle qui attire. J’avais d’ailleurs été sollicitée pour une événement autour de la GI (Geographical Indication) Harima de Hyogo et j’avais fait un article sur le sujet : pour le (re)lire, c’est par ici !

J’avais aussi eu la chance de faire un webinaire pendant la COVID autour des sakés d’une autre Indication Géographique à Hyogo : Nadagogo. C’était en 2021 pour la Saint Valentin ! Avec mon camarade Olivier Stoiche, du très beau blog Japan Kudasai, nous avions organisé un petit quizz online sur le saké. Nous avions aussi proposé un menu de la Saint Valentin en accord avec les nihonshu de Hyogo : miam !

Petite capture d’écran du Webinaire de 2021 ! Rouge à lèvres pour la Saint Valentin bien sûr !

Or hier j’ai eu le plaisir de recevoir, grâce à la très dynamique Tomoko Pecon, des représentants de « The Federation of Hyogo Prefecture Brewers Association – Nadagogo Sake Brewers Association ». Yasuhiro Tsuchida en est le directeur et nous avons pu échanger au sujet de Nadagogo alors que nous visitions Saint Emilion ensemble. Nous avons même évoquer le saké-tourisme !

Le 28 juin 2018, la célèbre National Tax Agency (un peu comme notre INAO) a délivré le titre d’Indication Géographique aux producteurs de saké de Nadagogo. Il est vrai que l’origine d’un produit est important. Elle est déterminée par son lieu de production certes mais aussi par toutes les techniques ancestrales utilisées dans ce même endroit. Vous pouvez facilement reconnaître une bouteille de saké faite à Nadagogo : il y a un logo qui indique la provenance.

Le logo GI Nadagogo que l’on retrouve sur les bouteilles

Nadagogo regroupe 5 villes (« gogo » en Japonais veut dire 5) autour de Nada : Nada-ku, Kobe-si (oui, là où il y a le boeuf de Kobe), Higashinada-ku, Ashiya-shi et Nishinomiya-shi. C’est là que pendant les 4 saisons les sakés de la GI sont exclusivement produits mais aussi élevés et conditionnés. Aujourd’hui, il y a 25 maisons de production et j’ai été très surprise d’apprendre qu’ils représentent environ 25% des volumes de production du Japon !!

Les 5 villes de Nadagogo

De plus, les sakés de Nadagogo utilisent la fameuse eau Miyamizu : la plus célèbre du Japon en terme de production de saké. Eau forte par excellence (pour le Japon car ici en Europe, elle est considérée comme une eau faible), elle apporte du corps et facilite la fermentation avec ses minéraux, source d’énergie pour les levures. Les sakés de la GI sont synonymes d’harmonie et de structure avec un très bel arrière goût lors de la dégustation. Notons que pour obtenir la GI Nadagogo pour son saké, les producteurs doivent utiliser de l’eau puisée à Nadagogo. Cependant, le riz, autre matière première, n’a pas l’obligation de provenir de la Préfecture : il peut venir d’ailleurs au Japon.

Enfin, les tojis (maîtres brasseurs) travaillent en collaboration pour améliorer sans cesse la qualité des sakés de la GI Nadagogo. Ils font souvent partis de guildes (notamment Tamba Toji) mais même s’ils n’ont pas reçu la même éducation, ils se réunissent et sont en recherche constante d’amélioration.

Si la GI Nadagogo est très active sur la production et la constance en terme de qualité de ses sakés, il faut aussi savoir qu’ils sont très dynamiques en terme de communication depuis 2017.

L’Association des producteurs de saké réalise régulièrement des séminaires et webinaires. Ils ont aussi mis aux couleurs de l’association des métros locaux (stations Mikage, Uozaki, Imazu et Nishinomiya).

Sans oublier le fameux saké-tourisme dont je parlais en introduction. Vous connaissez surement l’œnotourisme : la visite et découverte de caves, de propriétés mais aussi la participation à des festivals autour du vin et les voyages découvertes de paysages viticoles. Ici, on parle de la même chose mais pour le saké. C’est une tendance qui se dessine qui est très intéressante… Surtout pour moi qui travaille dans l’œnotourisme depuis belle lurette ! J’ai fait un peu de saké-tourisme mais j’ai hâte de découvrir ce que les maisons vont proposer dans le futur.

Toujours est-il que Nadagogo est à la pointe du saké-tourisme. Tous les membres sont ouverts au public et une personne est dédiée à cela. Le but est bien sûr de faire découvrir l’histoire et les processus de production mais aussi et surtout de vendre des produits directement aux consommateurs.

111 Sakés à ne pas manquer

Si vous voulez en découvrir plus sur certaines maisons de Nadagogo, je vous invite à lire mon livre sur « 111 Sakés à ne pas manquer » qui sort le 7 novembre prochain aux éditions EMONS. Vous pourrez alors percer les secrets d’Hakutsuru, de Kiku-Masamune, de Kenbishi ou encore de Sakuramasamune, de Sho Chiku Bai et Ozeki !

France Bleu Gironde

#Emission France Bleu Gironde du 12 octobre 2023 avec Marie-Corine Cailleteau : cliquez sur le lien pour écouter le replay plus facilement !

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